Hausse de l’inflation : cap sur une inflation durable ?
Quelles sont les causes de la hausse de l’inflation en 2021 ? Et comment va-t-elle évoluer ? La hausse des prix est-elle un phénomène temporaire ou nous dirigeons-nous vers une inflation durable ? Autant de questions déterminantes pour l’avenir de votre entreprise.
Pourquoi l’inflation augmente-t-elle ?
- Tout a commencé par un envol de la demande pour les produits d’aménagement d’intérieur et de jardin. Logique : pendant le confinement, les gens souhaitaient investir dans ce qui leur rendait la vie plus agréable. Les Belges ont, par exemple, commencé à faire du vélo et à cuisiner en masse.
- Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont entraîné des pénuries de matières premières, telles que les semi-conducteurs pour les voitures électriques. La hausse des prix du pétrole provoque également une augmentation du coût du transport des marchandises importées.
- Si vous vous rendez aujourd’hui chez un coiffeur ou dans un restaurant, vous constaterez que le secteur des services augmente également ses prix.
Pourquoi une hausse durable de l’inflation est-elle une mauvaise nouvelle ?
- L’inflation fait mal. Des enquêtes de satisfaction dans la vie menées dans les années 1970 et 1980 ont montré qu’une augmentation d’un point de pourcentage de l’inflation réduisait le bonheur moyen dans une mesure à peu près équivalente à une augmentation de 0,6 point de pourcentage du taux de chômage.
- L’inflation a le potentiel de perturber les marchés financiers. Les prix faramineux des actions, des obligations, des maisons et même des cryptomonnaies reposent sur l’hypothèse que les taux d’intérêt resteront bas longtemps. Si les banques centrales se sentent obligées de relever les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, les bourses chuteront.
Relation entre le taux de chômage et l’inflation : la courbe de Phillips
La courbe de Phillips est un modèle économique qui doit son nom à l’économiste William Phillips. Il suppose une relation inverse entre le taux de chômage et l’inflation.
Faible taux de chômage = forte inflation
Lorsque de nombreuses personnes ont un emploi et que les salaires augmentent, les prix des biens et des services augmentent aussi.
Lorsque le chômage est faible et que les salaires augmentent plus rapidement en raison de la rareté de la main-d’œuvre disponible, on note une pression à la hausse sur les coûts des entreprises. Les entreprises peuvent alors répercuter ces coûts plus élevés sur leurs prix, dans la mesure où l’économie se porte bien : la demande de biens et de services est forte, car la bonne santé financière des consommateurs le permet.
Chômage élevé = faible inflation
Lorsque de nombreuses personnes sont sans emploi, les salaires cessent d’augmenter et les prix des biens et des services baissent.
Lorsque le chômage est élevé, les salaires stagnent en raison de ll'offre de main-d'œuvre excédentaire, ce qui réduit les coûts des entreprises. Dans ce contexte, les entreprises ont également plus de mal à augmenter leurs prix sans perdre des clients. La demande de biens et de services est faible, car de nombreuses personnes n’ont pas de revenus.
Lutte contre l’inflation : hier et aujourd’hui
Prédire le moment exact où la banque centrale doit intervenir était autrefois assez simple, mais est devenu difficile après la crise financière mondiale de 2007-2009, suivie par la crise du coronavirus en 2020.
Forte inflation dans les années 70
Les États-Unis ont combattu la forte inflation des années 1970 en portant les taux d’intérêt à 20 %. Résultat ? Une récession économique, l’effondrement des entreprises les plus fragiles et un chômage à des niveaux sans précédent. L’inflation revint à des niveaux sains dans les années 1980, comme le prévoyait la courbe de Phillips.
Persistance d’une inflation faible après la crise financière de 2007 - 2009
L’hypothèse selon laquelle les variations du taux de chômage expliquent les fluctuations de l’inflation n’a toutefois pas duré. La crise financière mondiale de 2007 à 2009 a provoqué un chômage élevé aux États-Unis, mais l’inflation n’a pratiquement pas diminué. Lorsque l’économie s’est redressée et que le taux de chômage a baissé, l’inflation - contre toute attente - est restée faible.
La raison pour laquelle la courbe de Phillips est démentie par les faits depuis 2009 est sujette à débat. Certains économistes expliquent cette stagnation de l’inflation par l’afflux d’importations bon marché que permet la mondialisation de l’économie. D’autres économistes estiment que les banques centrales ont maintenu l’inflation à un faible niveau pendant si longtemps que les entreprises ne s’attendent plus à ce qu’elle augmente, ce qui réduit la volonté de payer des salaires plus élevés même lorsque la main-d’œuvre disponible est plus rare en raison du faible taux de chômage.
L’inflation augmente à nouveau depuis la crise du coronavirus
La hausse actuelle de l’inflation est la plus forte aux États-Unis, car le gouvernement américain s’est montré très généreux dans son soutien à l’économie pendant la pandémie.
Avec un peu de chance, les contrecoups de la pandémie contribueront à stabiliser l’inflation à un niveau d’inflation sain de 2 %, après une envolée temporaire, sans que les banques centrales doivent trop augmenter les taux d’intérêt. Si les banques centrales équilibrent parfaitement leurs politiques, la trajectoire post-Covid-19 pourrait ouvrir la voie à un retour à un taux d’inflation sain de 2 %, sans conséquence pour l’emploi.
3 scénarios pour l'inflation en 2024 >
Hausse de l’inflation – Que faire ?
La hausse de l’inflation à l’automne 2021 est-elle un phénomène temporaire ?
Si une banque centrale resserre sa politique en réponse à des facteurs temporaires, les principaux effets de sa politique ne se feront probablement ressentir qu’une fois l’urgence passée. Une intervention inopportune ralentit inutilement l’activité économique et pousse l’inflation plus bas que souhaité. Il est clair que les banques centrales se livrent à un périlleux exercice d’équilibriste.
Hausse de l’inflation : les banques centrales vont-elles relever leurs taux ?
Est-ce le moment de relever les taux d’intérêt pour éviter une hausse de l’inflation ? Si la banque centrale relève prématurément les taux d’intérêt, la croissance économique ralentit, dans un contexte où les gens sont encore à la recherche d’un emploi. Les banques centrales devraient donc être plus prudentes dans cette période « post-Covid-19 ». Peut-être accepteront-elles un peu plus d’inflation qu’elles ne le feraient normalement.
Nous vivons des circonstances inhabituelles et il est très important de remettre les gens au travail. La Federal Reserve, la banque centrale américaine, souhaite que le marché du travail soit assaini avant de relever les taux d’intérêt. Les États-Unis accusent toujours un déficit de 7 millions d’emplois en septembre 2021 par rapport au niveau prépandémique. Une hausse des taux d’intérêt pourrait ne pas intervenir avant la fin de 2022 si l’économie américaine continue de croître comme elle l’a fait ces derniers mois.
En Europe aussi, la BCE, la banque centrale européenne, se montre prudente et n’envisage pas de toucher aux taux d’intérêt ultra-bas pour le moment. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a déclaré en septembre 2021 s’attendre à ce que la hausse de l’inflation soit « temporaire ». À cet égard, la BCE ne met pas encore un terme à sa politique de crise, caractérisée par des taux d’intérêt très bas et des rachats à grande échelle de dettes publiques et privées.
Hausse de l’inflation : les banques centrales vont-elles cesser d’injecter de l’argent dans l’économie ?
Les taux d’intérêt étant tombés à zéro après la crise financière mondiale, les banques centrales ont récemment eu recours à la création monétaire pour stimuler l’activité économique.
Pendant la pandémie de coronavirus, la banque centrale a racheté d’énormes quantités d’actifs (obligations d’État et obligations d’entreprises) et a injecté de ce fait de l’argent dans l’économie. La question est de savoir combien de temps elle va continuer à le faire. Selon toute hypothèse, la banque centrale ne fermera pas subitement le robinet, mais réduira lentement le rythme de ses achats d’actifs.
Une fin trop rapide de cet appui financier pourrait, en effet, susciter la panique sur les marchés financiers et une augmentation du risque perçu. Les banques centrales ne devraient pas ralentir le rythme des achats d’actifs avant la fin de 2021, après l’avoir prudemment annoncé.
La prudence est donc de mise. Outre une inflation incontrôlable, les banques centrales prennent en compte bien d’autres risques : nous sommes toujours au milieu d’une pandémie. De nouveaux variants du coronavirus peuvent apparaître. La pandémie pourrait s’aggraver en hiver.
D’autre part, il est possible que les hésitations des banques centrales mettent leur chance à l’épreuve et que l’inflation finisse par atteindre des niveaux insoutenables. Le cabinet de conseil Oxford Economics estime qu’il y a 10 à 15 % de chances que l’économie américaine se retrouve dans un « régime de forte inflation », avec des hausses de prix durablement supérieures à 5 %.
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